ב''ה
Les hommes et le MIKWE
Chacun a pu constater qu’en notre temps les hommes, de tous milieux et de tous âges, fréquentent avec une assiduité croissante les Mikwaot[1]. C’est véritablement, sans jeu de mots, un retour aux sources. Il convient de s’interroger sur les raisons de cette évolution comme, d’ailleurs, sur le sens même et les origines de cette pratique. En effet, quelle place tient-elle dans le Judaïsme ? Question subsidiaire : y a-t-il une corrélation entre le mouvement actuel de retour à l’étude de la Torah et à la pratique des Mitsvot et cet engouement pour le Mikwé ?
Pourquoi se trempe-t-on au Mikwé ?
On pense souvent qu’aller au Mikwé sert uniquement à effacer une certaine impureté. Mais, c’est voir là le Mikwé sous un angle limité.
La pleine réalité est ailleurs : lorsqu’on se lève le matin, on est comparable à un Cohen[2] qui se prépare à officier dans le Beth Hamikdach, le Temple de Jérusalem[3]. Or, un homme ne peut accéder au parvis du Temple, même s’il est pur, sans s’être immergé, au préalable, dans un Mikwé[4] . Nous savons d’ailleurs que le Grand Prêtre, au cours de la journée de Kippour se trempait à cinq reprises, bien qu’il fût déjà pur, avant même la première Tévila[5] rituelle (sinon il n’aurait pas pu exercer). Il est donc clair que le but du Mikwé est d’ajouter des niveaux supérieurs de pureté et non, simplement, de nous débarrasser d’une impureté.
Malgré tout, une question continue de se poser : quelle est la finalité de cette purification ?
Le Mikwé dans la littérature et chez nos Maîtres
· « J’ai obtenu de D-ieu que l’immersion d’un homme au Mikwé le matin soit considérée comme une journée de jeûne » (Rav Ye’hiel de Zlotshov au nom du Baal Chem Tov)
· On dit que le Baal Chem Tov est parvenu à son élévation grâce au Mikwé.
· Nous savons, d’autre part, au nom du Zohar, qu’un homme doit faire « Téchouva »[6] chaque nuit, et il est écrit dans le Choul’khan Arou’kh[7] qu’un « baal téchouva » doit aller au Mikwé. C’est là une autre raison pour l’immersion du matin.
· Le Rav Nahé rapporte au nom du Rabbi de Karlin : « la tristesse n’est pas une faute, mais le « timtoum halèv[8] » entraîné par la tristesse, même la transgression la plus basse ne peut le créer ; le Mikwé[9] n’est pas une Mitsva, mais l’élévation produite par l’immersion, même la plus grande des Mitsvot ne peut l’apporter ». Et d’ajouter au sujet de l’étude de la Torah par celui qui néglige le Mikwé : « Même s’il est écrit dans le Talmud[10] que les paroles de la Torah ne captent pas l’impureté, la question est de savoir si la personne impure capte les paroles de la Torah ! »[11].
Le Rav Nahé explique enfin que celui qui aurait besoin d’aller au Mikwé et n’y va pas facilite l’emprise sur lui-même d’un esprit d’impureté, vecteur de choses négatives, comme par exemple le mauvais œil.
La supériorité de l’immersion le Chabbat matin
Nos maîtres ont toujours souligné l’importance particulière de la Tévila[12] le Chabbat matin.
- Dans le Séfer Hakavanot, le Ari Zal fait remarquer que, le Chabbat matin, il n’y a pas de distinction à faire entre quelqu’un de pur ou d’impur, car de toutes façons, « (…)à ce moment là le mikwé est obligatoire(… ) pour amener sur soi la sainteté suprême du jour du Chabbat »
- Le Rav Issa’khar Shlomo Teichtel écrit qu’il est impossible de recevoir complètement la Kédoucha de Chabbat sans immersion[13]
- De plus, dans son livre « Or’hot Rabénou », le Baal Kehilot Yaacov atteste que l’immersion du Chabbat matin est plus importante que celle du vendredi.
- Le Ben Ich ‘Hai écrit[14]que, le Chabbat matin avant la prière, il est bon de se tremper pour recevoir le supplément de « Néfèch, Roua’h et Néchama », le supplément d’âme, qui est encore plus important que celui de la nuit précédente.
Par le mérite de l’immersion
- Il y avait à Prague, au temps du Maharal, un Juif très simple, qui avait coutume de prêter de l’argent aux commerçants les jours de marché. Ces marchands constatèrent un phénomène extraordinaire : les fonds prêtés par cet homme avaient une propriété de réussite hors du commun. Lorsque le Maharal eût connaissance de ce fait, il attribua ce résultat à l’habitude qu’avait cet homme de s’immerger tous les jours au Mikwé.
- On raconte d’autre part, que le Gaon de Louvlin avait un élève qui avait certains problèmes relatifs à l’étude. Son Rav lui conseilla de faire attention à la pratique du Mikwé, qui renforce le cerveau dans la Torah et qui fortifie le cœur pour la Prière.
- Dans ses lettres de réponses à ceux qui lui écrivent, le Rabbi de Loubavitch a souvent conseillé de faire attention à la pratique du Mikwé, et que cela constitue une « ségoula » (propriété spéciale) dans tous les domaines.
[1] Mikwaot est le pluriel de Mikwé, bain rituel.
[2] Prêtre, officiant dans le Beth Hamikdache, le Temple de Jérusalem.
[3] Sur cette comparaison, voir Iguerot Kodesh, vol 11, p401, citant le Rachba sur le Maguen Avraham.
[4] Tamud Yoma, p 30a
[5] Immersion
[6] Retourner à sa source, à sa raison de vivre, en abandonnant ses mauvaises voies.
[7] Yoré Déa 268
[8] C’est littéralement l’ « l’obturation du cœur », c’est-à-dire l’inaccessibilité aux sentiments et l’insensibilité à la spiritualité.
[9] Pour les hommes
[10] Bérachot, 22A
[11] Le Rav Nahé veut dire qu’en veillant à étudier la Torah dans la pureté, on s’imprègne de son enseignement, on accède à sa vérité et on s’attache avec la Divinité (bien que le mérite de l’étude soit de toute façon acquis quel que soit l’état dans lequel on se trouve).
[12] Immersion
[13] Michné Sa’khir, Part 2, 68 : à propos du Chabbat, il est écrit « Ladaat ki Ani Hachem mékakich’khem » et le Mikwé s’appelle aussi » Mé-daat »
[14] Parachat Le’kh Lé’kha, 2ème année